Publié le 07-11-23

“Les filles veulent faire des activités calmes et manuelles et les garçons eux, ils veulent que faire du foot !”


Le constat


Les enfants réalisent leurs choix en fonction des représentations et des modèles qu’ils et elles ont dans leur entourage, dans les films, les séries, les histoires; mais également en fonction des compétences qu’ils et elles ont eu la possibilité de développer durant leur enfance. Bien que les pratiques éducatives aient évolué depuis quelques années, des freins subsistent encore entre les filles et les garçons, pour accéder à certaines activités, certains sports ou encore certains métiers. Par exemple, en 2021, la Fédération Française de Danse compte seulement 14% de licenciés masculins.


On retrouve également des exemples sur nos colos  : 

  • Sur nos séjours thématiques, on constate que les filles représentent 98% des stagiaires dans le séjour “Apprenti Styliste” ou encore que les garçons représentent 90% des stagiaires dans le séjour “Les robots”. 
  • Sur nos séjours plutôt sportifs, on retrouve une majorité de garçons pour les séjours VTT et à contrario une majorité de filles pour les séjours équitation. 
  • Au niveau professionnel, on peut encore constater qu'un nombre très faible de garçons se dirigent vers les métiers dans la gestion administrative et très peu de filles se dirigent vers le secteur informatique et numérique.


Comment promouvoir l’égalité au quotidien ? 


Parce que la colo est un moment “à part” dans la vie de l’enfant ou du jeune, où chacun et chacune peut tester de nouvelles choses et vivre de nouvelles expériences, nous avons cherché à faire bouger les lignes à travers des actions simples, transposables à la maison.


Action 1 - Varier les représentations et les modèles


Nos équipes portent attention à leur répartition entre les différents rôles et tâches à réaliser au sein d’une équipe mixte.

Et si, pour une fois, c’était à Laetitia d’organiser les Olympiades du séjour pendant que Thomas anime l’atelier “Maquillages fantastiques” ?  


Nous demandons également à nos équipes de travailler sur le cadre mis en place lors de leurs activités. Pour restaurer un peu d’égalité dans les pratiques où l’un des groupes de sexe est plus à l’aise que l’autre dans l’activité, les équipes d’animation travaillent également sur les règles du jeu. 


Pour reprendre l’exemple du foot, même si les filles souhaitent jouer, elles peuvent se sentir maladroites et peu actives, face à des garçons ayant l’habitude de pratiquer la balle au pied.  On peut alors s’amuser à utiliser un ballon plus gros que le ballon habituel afin de déstabiliser une partie, ou encore obliger l’ensemble des membres de l’équipe à toucher le ballon au moins une fois avant de marquer un but.


Un autre exemple peut être donné sur l’animation de débats entre les jeunes : nos équipes veillent à la répartition du temps de parole, et que chacun.e, fille ou garçon, puisse avoir l’espace de s’exprimer. 


Et à la maison ? 


Vous pouvez aussi offrir à votre enfant une variété des représentations via les activités et les jeux que vous lui proposez. 


Si un petit garçon ne voit pas, ou trop peu, de danseurs épanouis, qu’il s’agisse de hip-hop ou de danse classique, il aura davantage de freins à investir cette activité. Si une petite fille voit uniquement des représentations de princesse passive attendant son prince charmant, elle pensera peut-être que c’est ce qui lui attendra à l’âge adulte.


Alors, pourquoi ne pas lui proposer un imaginaire différent avec des livres ou des films racontant des histoires comme par exemple “L’histoire de Julie qui avait une ombre de garçon”  de Christian Bruel, “Pareils et différents” ou encore “L’amoureuse de Simone” d’Elsa Kedadouche ?


Action 2 - Changer quelques réflexes de langage


Certaines activités sont inconsciemment très connotées fille ou garçon, et les enfants ont pour la plupart déjà intégré ces codes : le vocabulaire utilisé transmet implicitement ces codes. 


Pour renforcer la mixité dans les activités choisies, on travaille sur les règles mais également sur les intitulés et les manières de présenter les activités :

Par exemple, au lieu de dire “ Vanessa organise une session Relaxation et Yoga après votre journée de ski”, on peut dire “Vanessa organise une session “Récupération musculaire” pour les retours du ski”. En parlant de “récupération musculaire”, c’est l’effort sportif qui est mis en avant, ce qui potentiellement interpellera plus facilement les garçons que le terme Yoga qui peut impliquer des notions de souplesse ou encore d’agilité. 


Et à la maison ?

Vous pouvez porter attention aux qualités et compétences que vous valorisez chez votre enfant. 


“Comme tu es fort !” entend souvent le petit garçon, “Comme tu es belle !” entend souvent la petite fille : changeons donc un peu la donne en valorisant pour les deux sexes des habiletés sociales et physiques telles que l’empathie, la curiosité, la débrouillardise… De belles qualités pour de futurs adultes épanouis et bienveillants, quel que soit leur sexe ! 


Action 3 - Bannir les comportements sexistes ou humiliants


Cela paraît évident, mais les traditions ont parfois la vie dure. Dans cette catégorie d’actions, nous visons à :

  • supprimer la constitution des équipes de jeu en nommant des chefs d’équipe, car ce sont souvent les filles ou les garçons considérés “moins bons” qui sont choisis en dernier
  • éviter les caricatures dévalorisantes lorsque nos équipes d’animation se déguisent et incarnent des personnages (la pin-up écervelée, le bad-boy mystérieux, la vieille sorcière, l’aventurier sauveur du monde…)
  • et bien entendu, porter une attention toute particulière aux comportements des enfants entre eux en ne tolérant aucune violence ou remarque sexiste. Pour en savoir plus sur ce point, n’hésitez pas à consulter notre page dédiée à la démarche UCPA Respect


“Cet été, j’ai demandé à mes équipes d’animation d’être créatives et originales sur les personnages dans leurs imaginaires afin de dépasser les stéréotypes de genre”, directrice de séjour UCPA Odyssée (été 2023).


Et à la maison ?


Vous pouvez aussi en parler avec votre enfant : 

  • En saisissant l’occasion des remarques anodines que tous les parents entendent :  “Ah, mais c’est pour les garçons, ça !”, “Les filles, c’est nul !” pour pouvoir évoquer l’égalité entre filles et garçons
  • En expliquant et en les sensibilisant à la question des moqueries et du harcèlement scolaire, notamment au collège
  • En sollicitant équitablement vos enfants pour participer aux tâches du foyer

1“La socialisation de genre et l’émergence des inégalités à l’école maternelle : le rôle de l’identité sexuée dans l’expérience scolaire des filles et des garçons”, Y. Mieyaa, V. Rouyer, A. Le Blanc, 2012.


Un article de GaranceVreckUCPA